Joao Monteiro

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Dans son atelier, il a reconstitué une équipe de football presque au complet. Entre ses sculptures monumentales en résine, ses footballers en fil de fer et ses portraits de joueurs griffonnés sur des paquets de cigarettes ou des tickets de caisse, Joao Monteiro a fait de cet art populaire une des constantes de son oeuvre d'art.
Le match de dimanche, il le regardera avec l'oeil de l'artiste anthropologue, qui voit dans la rencontre footbalistique la confrontation de deux cultures, et de deux gestuelles. « Les Allemands sont issus d'une culture européenne très hierarchisée.
Les joueurs allemands sont de vrais soldats et affichent une véritable efficacité. Alors qu'on parle beaucoup de la créativité des joueurs brésiliens. Cette créativité, on la doit aux origines métissées du peuple brésilien, de l'apport croisé de la culture indienne et de la culture africaine. La beauté du geste vient du rapport au corps différent de celui des européens », commente Joao Monteiro.
Aussi, l'artiste sculpte les footballers comme il moulerait des danseurs. Avec fluidité et sensualité. Dans ce panthéon, il compare volontiers ses joueurs à des dieux de l'Olympe. Des joueurs qui ressemblent plus à des Venus de Milo qu'à des répliques exactes de Ronaldo.
Quand je représente les langages corporels brésiliens, sujet central dans mon travail, gestes, postures, et donc mouvement, la représentation est immobile. Mais à l’opposé de la photo qui fige une fraction de seconde, ici plusieurs instants se superposent, laissant transparaître la genèse, le développement et l’aboutissement du geste . Geste observé mais aussi compris de son intérieur, car mon propre corps l’a éprouvé et s’en souvient. Geste indissociable de ma façon d’être et de voir… brésiliennes…noires et indiennes autant que blanches, et que les maîtres a bouger de ma culture métisse perpétuent, transmettant de génération en génération l’art de faire courir le ballon … et l’esprit.
Né à São Paolo, au Brésil en 1953, Joao Monteiro se révèle trés tôt. Il gagne plusieurs concours nationaux et internationaux, obtient des bourses d'études et devient élève du célèbre sculpteur brésilien Caetano Fraccaroli. En 1972 il quitte la faculté d' Architecture de l'université de São Paolo pour les Beaux Arts de Paris, d'où il sortira diplômé en 1977. Après une brève carrière universitaire il s'aventure dans le Brésil profond à la recherche des racines métisses de sa culture. Au cours de ces voyages l'artiste aborde les différentes facettes du métier de plasticien : portrait, illustration, décoration et s'adonne aussi au journalisme, à la musique, à la capoeira (art martial brésilien); expériences qui nourrissent son questionnement sur la visualité, les techniques du corps et l'identité culturelle brésilienne. De retour en France en 1981 il s'établit à Toulouse et trouve dans le stylisme, l'informatique et l'audiovisuel des moyens nouveaux pour sa recherche.
Il expose dans plusieurs pays d' Europe, en Afrique et au Brésil. Aujourd’hui Joao Monteiro poursuit une oeuvre aux langages multiples ou sculpture et forme dans l'espace occupent la place centrale, perpétuelle quête de l' expression de « l' être brésilien ».