Rémi Trotereau

- né le 26 janvier 1956 à Vierzon, dans une famille d'artistes et d'inventeurs. Dessine et modèle dès son plus jeune âge.
- 1976-1978 maquettiste dans une fabrique de porcelaine.
- 1978 à 1986 A son propre compte,Il expérimente les techniques de la terre, productions de dessins, d'affiches.
- 1987 missionné en Guadeloupe par le CESI de la Région Centre;
- 1988 brevet de procédé de céramique, et dans le même temps il crée le géant Polymère, première sculpture monumentale en résine. De retour des antilles, il se partage entre les Hautes Pyrénées et Paris où il travaille dans les décors de spectacle.
- 1988-1993 diverses prestations pour le Casino de Paris, les JO d'Alberville; mais surtout, il ne cesse de peindre ,en exposant son travail dès que l'occasion se présente.
- 1992 bref séjour au Burundi et aux Etats-Unis.
- 1993,il se fixe à Layrisse, entre Tarbes et Lourdes, où il a installé son atelier. "à Layrisse, je fais corps avec la terre, la poussière, la mémoire."

...je ne savais pas écrire mais dessinais déjà des cartes pour inventer mon espace...il me semblait naturel d'inventer. ...on ne m'a jamais appris la question à l'école (ou seulement les questions qui ont des réponses). interdire la question, n'est-ce pas condamner l'aventure? Je suis dans la grange et la chose qu'on dit sale- boue, paille, poussière- je lui rends hommage - toile et sculptures - je laisse une pincée de cette mémoire, je fais une greffe, je donne une relique de ma chapelle. j'exhume un passé en le réinventant. Aujourd'hui...je cède aux démons non satisfaits à 20 ans : une traversée du figuratif, corps des bêtes et des êtres. Le plaisir est dans la palpitation pour qui préfère l'ombre à la proie. Funambule toujours, je marche pour ne pas tomber. Mais tire donc les ficelles?
les textes sont extraits du livre de Michèle Heng sur Rémi Trotereau, éditions Atlantica
Biographie :
L'oeuvre de Rémi trotereau est tout sauf aimable...il enferme le spectateur dans une toile d'araignée fascinante où se mêlent la répulsionn et l'attirance. Les matériaux qu'il utilise en priorité, la terre, le bois, le charbon, la pierre sont délibérément des matériaux primordiaux auxquels viendront s'adjoindre les tissus enduits ou lacérés, la ferraille, les clous, les chaines, les cordes et liens en tous genres, bref des matériaux pauvres, avec lesquels il veut restituer l'équivalent de l'organique... il travaille à l'instinct, sans esquisse préalable. L'important pour lui est ce qu'on ne montre pas, ce qui est occulté, la tripe, le trivial, le corps périssable.
Les mystères archéologiques: Freud dans Totem et Tabou avait bien mis en exergue la relation entre la démarche de l'artiste primitif et la magie,...instinctivement le jeune Trotereau fut sensible à l'émotion suscitée par les strates de temps anciens dont nous piétinons la vie arrêtée, fossilisée.
Les débuts, l'informe, le tellurique ont toujours titillé l'imaginaire de Trotereau, le surgissement de l'inconnu se prêtant aisément à la dimension fantastique.
Aux yeux de Trotereau, tout être humain est ambivalent, il ne cache rien de l'animal que nous avons été et qui ne demande qu'à ressurgir. Le corps ne se conçoit pas sans souffrance, constitué qu'il est d'os, de muscles...bref, de chairs, d'humeurs et de sang. L'art de Trotereau se veut essentiellement épidermique et tactile... Dans ses peintures, il structure le corps par la matière avec une brutalité de clinicien mais il en révèle à la fois la fragilité et l'énergie...corps acéphales, souvent démembrés...il ne lui importe pas de représenter mais d'exprimer une enveloppe corporelle triviale ou sublime renvoyée à sa nature organique... Le spectateur est révulsé mais fasciné par le trouble que suscite en lui la mince frontière qui sépare la beauté de l'horreur.