Vercellotti


Ce qui aggrave son cas, c'est qu'il peint un même ensemble d'objets depuis vingt ans, et qu'il se refuse à suivre qui lui propose des femmes nues, des chevaux, des abstractions, ou de l'art garanti contemporain. Philippe Vercellotti est têtu. On ne le contraint pas à faire d'un carré choisi un cercle de compromis, à mettre un noir sur le comptoir, à avouer. Ses variations sont infinies et calculées. Il n'est pas à la mode. Il est cependant aimable. Pas un mot de trop, ni de moins. Pas de colère. L'accueil est affable. Le personnage parle, offre du temps. Il ne se dérobe pas, mais il déçoit qui veut le prendre. Tout est montré, rien n'est visible. Philippe Vercellotti arbore des signes d'invisibilité. L'art de la fugue est sa perspective.
Cette tactique lui permet d'être chercheur. Ses tableaux sont ses découvertes et les sources cryptées d'aventures nouvelles. Les clefs sont partout au noir dans des carrés quarante fois rendus tout autres, pour être mieux vus, donc cachés, donc vus. Les audacieux, qui s'y lancent, s'y perdent, s'y découvrent. Tout est faux. Tout est vrai. C'est précisément un mensonge qui construit la vérité du portrait menteur dont le point de fuite ramène, par jeu, au sujet.
Philippe Vercellotti est un père de ce qui n'existe pas, et dont les signes s'étalent, par sa main, sur des tableaux qui le font vivre, sans subventions, pour la plus grand gloire du secret.